Soudan : la CPI ouvre une enquête sur de possibles massacres à El-Fasher
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Soudan : la CPI ouvre une enquête sur de possibles massacres à El-Fasher

La Cour pénale internationale (CPI) a annoncé lundi 3 novembre 2025, l’ouverture d’une enquête officielle sur de possibles crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis lors de la prise de la ville d’El-Fasher, au Darfour-Nord, par les Forces de soutien rapide (FSR), une puissante milice paramilitaire soudanaise.

Saisie par le Conseil de sécurité des Nations unies, la CPI enquête déjà depuis 2005 sur les crimes commis au Darfour lors des précédentes vagues de violences ethniques. Mais la récente offensive sur El-Fasher, survenue dans un contexte de guerre civile relancée en 2023, ravive les inquiétudes d’une répétition tragique de l’histoire.

« Nos services prennent des mesures immédiates afin de préserver et de rassembler les éléments pertinents pour leur utilisation dans le cadre de futures poursuites », ont déclaré les procureurs de la CPI dans un communiqué diffusé lundi.

Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 70 000 personnes ont fui El-Fasher depuis le 26 octobre, tandis qu’environ 200 000 autres seraient toujours piégées dans la ville, soumise à un siège et à des bombardements intenses depuis plus de 18 mois.
Les informations en provenance de la région restent rares et difficiles à vérifier, les combats ayant paralysé les communications et l’accès humanitaire.

La présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a alerté sur « une répétition tragique de l’histoire du Darfour », faisant écho aux atrocités qui avaient marqué le début des années 2000.

Dans son communiqué, le bureau du procureur de la CPI souligne que les violences signalées à El-Fasher « s’inscrivent dans un schéma de brutalités plus large observé à travers le Darfour depuis avril 2023 ».
Les enquêteurs évoquent notamment des exécutions sommaires, des viols, des pillages et des attaques indiscriminées contre des civils. Ces actes, s’ils étaient confirmés, « pourraient constituer des crimes de guerre », a précisé le procureur.

La CPI a indiqué avoir entrepris des mesures urgentes pour préserver les preuves et empêcher toute tentative de destruction ou de manipulation des éléments matériels relatifs aux crimes présumés. Elle a également appelé les témoins, les organisations humanitaires et les associations locales à transmettre tout document ou témoignage susceptible d’aider l’enquête.

Depuis le début du conflit entre l’armée soudanaise et les FSR en avril 2023, le Darfour est redevenu l’un des principaux foyers de violences du pays.
Les organisations humanitaires dénoncent une crise humanitaire catastrophique, marquée par des déplacements massifs, des pénuries alimentaires et des attaques à caractère ethnique.

Si la CPI n’a pas encore confirmé la qualification de génocide ou de ciblage ethnique, l’enquête en cours pourrait marquer un tournant dans la lutte contre l’impunité au Soudan, vingt ans après les premières atrocités du Darfour.

La Rédaction

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