Soudan : l’Union africaine dénonce des « atrocités » et des « crimes de guerre présumés » à El-Fasher
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Soudan : l’Union africaine dénonce des « atrocités » et des « crimes de guerre présumés » à El-Fasher

L’Union africaine a dénoncé ce mardi 28 octobre 2025 des « atrocités » et des « crimes de guerre présumés » commis dans la ville soudanaise d’El-Fasher, deux jours après l’annonce de sa prise par les Forces de soutien rapide (FSR). Cette victoire militaire consacre la mainmise des paramilitaires sur l’ensemble du Darfour, au terme de dix-huit mois d’un siège meurtrier.

Le président de la Commission de l’UA, Mahamoud Ali Youssouf, a « condamné avec la plus grande fermeté les graves violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire », citant notamment « les meurtres de civils ciblés en raison de leur appartenance ethnique ». Il a ajouté que « les auteurs de ces actes odieux devront rendre des comptes », dénonçant une « escalade de la violence » et des « atrocités » qui pourraient s’apparenter à un nettoyage ethnique.

El-Fasher, capitale du Nord-Darfour, était jusqu’à présent la dernière grande ville de la région encore sous contrôle de l’armée régulière. Depuis mai 2024, la cité était assiégée par les FSR, qui tentaient de la conquérir au prix d’un lourd tribut humain. Privés d’eau, de nourriture et de soins, des centaines de milliers de civils vivaient dans des conditions qualifiées d’« inhumaines » par plusieurs ONG.

Lundi soir, le chef de l’armée soudanaise, le général Abdel Fattah al-Burhane, a reconnu « le retrait de l’armée d’El-Fasher vers un lieu plus sûr », tout en promettant de « se venger » et de « purifier cette terre ».

Les Forces conjointes, alliées de l’armée, ont accusé mardi les FSR d’avoir « exécuté plus de 2.000 civils non armés » les 26 et 27 octobre. « La plupart des victimes sont des femmes, des enfants et des personnes âgées », indique leur communiqué.

Ces accusations s’ajoutent aux nombreux rapports faisant état de violences à caractère ethnique dans la région. Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a fait part de sa « profonde inquiétude » face à « un risque croissant d’atrocités motivées par des considérations ethniques », citant des témoignages d’« exécutions sommaires » commises par les paramilitaires.

Selon les Nations unies, plus d’un million de personnes ont fui El-Fasher depuis le début du conflit, tandis que les quelque 260.000 habitants restés sur place dont la moitié sont des enfants  qui manquent désormais de tout.

Depuis avril 2023, la guerre opposant l’armée soudanaise aux Forces de soutien rapide a déjà causé plusieurs dizaines de milliers de morts et près de 12 millions de déplacés, certains contraints de fuir à plusieurs reprises. L’ONU qualifie la situation au Soudan de « pire crise humanitaire au monde ».

Face à l’ampleur des violences, l’Union africaine appelle la communauté internationale à agir « sans délai » pour protéger les civils et rétablir un accès humanitaire sûr dans le Darfour. « Il est impératif que les responsables de ces crimes répondent de leurs actes devant la justice internationale », a insisté Mahamoud Ali Youssouf.

Alors que la guerre continue de ravager le pays, El-Fasher devient le symbole tragique d’un conflit où les civils paient, une fois encore, le prix le plus lourd.

La Rédaction

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