Les Tanzaniens ont commencé à voter ce mercredi 29 octobre 2025, pour des élections présidentielle et législatives marquées par l’absence de véritable compétition et un climat de répression dénoncé par les organisations de défense des droits humains. La présidente sortante, Samia Suluhu Hassan, 65 ans, s’achemine vers une victoire annoncée, après l’élimination de ses principaux adversaires politiques.
Arrivée au pouvoir en 2021 à la suite de la mort soudaine de John Magufuli, figure autoritaire du régime, Mme Hassan avait suscité un bref espoir de changement. Elle avait alors assoupli certaines restrictions, libéré des prisonniers politiques et rouvert le dialogue avec la société civile. Mais quatre ans plus tard, les espoirs d’ouverture se sont évanouis. La dirigeante, première femme à la tête du pays, est désormais accusée d’avoir repris les méthodes répressives de son prédécesseur.
Le principal parti d’opposition, Chadema, a été exclu du scrutin après avoir refusé de signer un code électoral jugé « injuste ». Son leader charismatique, Tundu Lissu, arrêté en avril, est actuellement poursuivi pour trahison, un crime passible de la peine de mort. Le seul autre candidat crédible, Luhaga Mpina, a été disqualifié pour des motifs « procéduraux ».
Les observateurs internationaux, dont plusieurs ont vu leurs accréditations suspendues à la dernière minute, s’inquiètent d’une élection sans transparence ni pluralisme.
Pays d’environ 68 millions d’habitants, la Tanzanie reste marquée par une culture politique autoritaire. Depuis son indépendance en 1961, le Chama Cha Mapinduzi (CCM), le parti au pouvoir, domine la vie politique sans partage. D’abord sous le régime socialiste du « père de la nation », Julius Nyerere, puis sous une démocratie de façade instaurée en 1992.
Malgré une stabilité apparente et une économie en croissance, la répression des opposants, le musellement de la presse et les arrestations arbitraires ternissent l’image du pays à l’étranger. Pour beaucoup de Tanzaniens, les élections de ce mercredi ne sont qu’une formalité politique dans un système verrouillé depuis plus de six décennies.
La Rédaction



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